Portrait : Likeca : l’homme qui détourne des panneaux de signalisation
22 mai 2024 à 17h55 par Marie Luthringer
Taper « Détournement de panneaux » dans Google. Tout part de cette recherche sur la toile que Likeca fait. C’est cet élément déclencheur qui le pousse à se lancer dans le street-art… en détournant des panneaux de signalisation. Ce jeune street-artiste, originaire de Pont-à-Mousson préfère rester anonyme aux yeux du public. Retour sur son parcours et ses expositions à la MJC des 4 Bornes à Metz.
Likeca, c’est l’artiste qui ne se sépare jamais de son camouflage bleu marine. Un accessoire qui rappelle les masques antipollution. Impossible de distinguer le bas de son visage ! Likeca, c’est un pseudo qui n’est pas choisi au hasard. « Like vient du verbe aimer, en anglais. Like veut aussi dire like you comme toi », explique Likeca. Le C et la A, à la fin de son nom « renvoient aux initiales de Clet Abraham, le premier à détourner des panneaux de signalisation », ajoute-t-il. Clet Abraham, c’est une source d’inspiration qui a poussé Likeca à détourner des panneaux. Sur Google, « je suis tombé sur lui, j’ai adoré son travail. Alors, j’ai commencé à faire des animaux sur un pochoir [avec une bombe, N.D.L.R] », affirme ce dernier.
« Ça me faisait marrer de mettre deux yeux sur un sens interdit »
Likeca ne vole pas des panneaux au bord de la route : il les fait conceptualiser. C’est dans l’entreprise jurassienne de panneaux de signalisation Signaux Girod, qu’il les fait fabriquer. 250 à 700 panneaux sont vendu entre 50 allant parfois jusqu’à 100 euros.
Likeca n’est pas né artiste
Etudiant en licence d’information et de communication à Nancy, il arrive à décrocher un CDD à L’Est Républicain, pendant trois mois. Likeca se dirige ensuite vers un master en communication à l’Institut Français de Presse, à Paris. En parallèle, il travaille en alternance pour la société coopérative d’intérêt collectif, dans le secteur alimentaire C’est qui le patron ? Et pourtant, rien ne le prédestinait à faire du street-art ! Aujourd’hui, il travaille encore dans le secteur agricole mais n’a pas pour objectif de « vivre du street-art ».
« Faire sourire les gens »
Tel est le crédo auquel se plie Likeca. « L’art urbain, c’est un partage qui se fait dans la rue », confie-t-il. Dans l’art urbain « on donne beaucoup mais on n’attend pas grand-chose, juste un sourire ».
« Si une personne passe et que mes œuvres la font marrer, je suis le plus heureux du monde ! »
Un lieu « trop cool »
C’est avec ces mots simples que qualifie Likeca la MJC des 4 Bornes de Metz. Le lieu avait fait un appel à candidature pour une exposition d’artistes. Ici, le public principal reste les jeunes. Le street-art leur parle plus facilement. Mais pour Likeca, « tout dépend à quel âge on est jeune ou vieux ».
Likeca expose aussi ailleurs. « Ma première exposition avait lieu à Paris ». Depuis 2021, cet artiste sillonne la France. D’ici fin juin, il se rendra à Saint-Nazaire.
« Je ne suis pas fan des lieux d’exposition. L’art urbain doit être montré dans la rue »
Un art considéré comme illégal
Likeca doit faire attention à ne pas se faire attraper par les autorités. Détourner des panneaux est considéré comme illégal. Alors, Likeca utilise des pochoirs et une bombe à peinture pour « aller vite ». Un art pourtant bien vu à Pont- à-Mousson. «Il m'est déjà arrivé de faire du street-art avec le maire de la ville », se rappelle-t-il.
L’exposition de Likeca est accessible à tout public depuis le mardi 21 mai et jusqu’au jeudi 6 juin prochain, à ma MJC des 4 Bornes, à Metz.
Ne vous fiez pas à la signalisation des panneaux qui risquent d’être détournés, par un certain artiste au masque bleu marine, armé d’une bombe de peinture et de pochoirs !