Metz. Une fronde contre un projet de poubelles enterrées rue Taison
Publié : 9 mai 2022 à 12h47 par Joscelyn Lapart
La mairie de Metz envisage d’installer un P.A.V.E ( Point d’apport volontaire enterré ) rue Taison. Mécontent du projet, des habitants se mobilisent.
« Non au P.AV.E » ! C’est le cri de ralliement des habitants de la rue Taison. Non, il ne s’agit pas des pavés disposés au sol, mais des points d'apport volontaire enterrés. Ce sont des poubelles semi-enterrées qui ont été installées par la mairie de Metz pour remplacer les dépôts de déchets en pleine rue.
La mobilisation
Ce sont des travaux de sondage qui ont alerté les habitants de la rue Taison, et plus précisément ceux de l’immeuble limitrophe au projet. Ils ont alors décidé de contacter la mairie et ont eu la confirmation du projet d’installation d’un P.A.V.E sur la placette de la rue. « Rapidement, les habitants se sont concertés en se disant que c’était l’endroit le plus mal choisi qu’on pouvait imaginer », affirme Serge Scholler, représentant du conseil syndical de l'îlot Taison.
La mobilisation commence et une pétition est créée : « 21 commerçants de la rue et plus de 75 ou 80 riverains ont signé », précise-t-il. Si vous descendez la rue Taison, vous ne pouvez pas manquer les bannières « NON AU P.A.V.E » et les ballons qui ornent les balcons de l’immeuble. « Ça permet d’attirer le regard, les gens s’interrogent et voient la fiche alertant sur le P.A.V.E » explique, René Schertz, habitant à l’origine de l’opération.
« Ça réveillera tout le quartier ! »
Pourquoi rejettent-ils l'installation de ces poubelles ? « Il y a plusieurs impacts très négatifs. C’est très laid, des conteneurs enterrés. Ensuite, il y a l'impact des odeurs, des incivilités : les gens qui ne vont pas mettre leurs ordures dans les conteneurs, mais à côté », critique Philippe Gorius, résident de la rue depuis 37 ans. Selon lui, la placette est une caisse de résonance. Il craint la pollution sonore que l’installation entraînerait. « Quand les gens mettent du verre dans les conteneurs, et claquent les couverts, ils font énormément de bruit », prévient-il. La collecte des déchets est une autre préoccupation du riverain : « c'est très tôt le matin, ça réveillera tout le quartier ! ».
Assiste-on au traditionnel « pas dans mon jardin », cette pratique qui consiste à refuser une installation à proximité de chez soi ? Les riverains assurent que non : « c’est un lieu de rencontre, vous avez souvent des gens, des touristes, qui en montant la rue Taison s'arrêtent ici », défend René Schertz. « Il ne s’agit pas de demander à ce que ce ne soit pas devant chez nous. Il y a le fait que ce quartier a une âme, ce genre de choses n’a pas sa place-là », renchérit Philippe Gorius. Selon eux, la mobilisation est destinée à protéger l’image du « village Taison » dans sa globalité.
Où en sommes-nous ?
La mairie a tenté de rassurer les riverains en promettant que le P.A.V.E tiendra compte des particularités de l’emplacement. « Supposément, il devrait être plus discret. La placette devrait être réaménagée, végétalisée », explique Serge Scholler. Ces propositions laissent de marbre les riverains : « il nous a été soutenu que l’arbre qui décore cette placette serait préservé, ce qui nous paraît impossible. On a l’impression qu’on nous raconte des choses qui ne tiennent pas ».
Le dialogue entre les habitants de la rue et les autorités administratives est en cours. « On a un rendez-vous avec les services techniques cette semaine. C’est ce que nous avons obtenu lors de la dernière rencontre », nous informe le représentant du syndicat. L’échange prévu est annoncé comme une présentation des aspects techniques du projet. Il ne remet pas en cause l’installation du P.A.V.E. Cette avancée ne satisfait pas les habitants. Ils souhaitent que ce projet soit annulé dans sa conception actuelle. « Nous sommes intimement convaincus que des solutions existent », assure-t-il.
Quelque soit l’évolution de la situation, ces poubelles sont un véritable P.A.V.E dans la mare de la rue Taison.