Où sont les femmes … dans les sciences ?

21 juin 2024 à 17h41 par Marie Luthringer

Elles sont sous-représentées dans les filières scientifiques, c’est ce que L’Académie des sciences a constaté dans un rapport, publié le 18 juin dernier. Dans le secteur de l’ingénierie , qu’en est-il au sein des filières scientifiques de Metz ?

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Crédit : ENIM Metz

L’Académie des sciences est une assemblée de scientifiques. Ensemble, ils réfléchissent aux enjeux politiques, éthiques et sociétaux, que posent les grandes questions scientifiques actuelles et futures. L'Académie des sciences appelle donc à «agir collectivement», en préconisant des campagnes de communication, pour déconstruire les stéréotypes hommes/femmes.

Une place pas assez importante dans les écoles d’ingénieur

13% , c’est le pourcentage de femmes dans la filière de l’industrie, à l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Metz (ENIM). Un taux qui « stagne » depuis « quinze ans », selon Vanessa Bouchard, enseignante-chercheuse en mécanique dans le comportement des matériaux, et directrice adjointe de l’ENIM. Entre « 40 et 50 femmes ont une diplôme d’ingénieure », ajoute-t-elle. A l’ENIM, les femmes représentent 50% des enseignantes-chercheuses, dans la mécanique-matériaux. Vanessa Bouchard souligne également que dans le monde industriel, il y a du progrès « davantage de femmes occupent les postes des usines mais je pense que cela peut encore s’améliorer ».

A Centralesupelec, le constat est sensiblement le même. « On constate que les femme n’ont une place pas assez importante dans le domaine des science et des écoles d'ingénieurs », explique Delphine Wolfersberger, directrice du Campus de Metz de Centralesupelec. 20% c’est le taux de pourcentage de filles qui étudient dans l’école. Une « légère baisse » ces dernières années. « D’ici 2032, on souhaite atteindre 30% de filles, de boursier mais aussi d’internationaux à Centralesupelec », ajoute-t-elle. Delphine Wolfersberger suppose peut-être que les « sciences ont une place différente à cause de la réforme du bac ». Les élèves admis ou admise à Centralessupelec, sortent des classes préparatoires et le nombre de fille est « limité ».

 

 

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Yue Chai (à gauche) et Delphine Wolfersberger (à droite)
Crédit : Marie Luthringer

Déconstruire les clichés sexistes

Pour inclure davantage de femmes, les écoles d’ingénieur messines vont au contact des plus jeunes. Centralesupelec est doté d’un « centre diversité ». Des actions sont mises en œuvre auprès des collèges et des lycées pour montrer aux jeunes qu’ils peuvent faire des sciences, que c’est « accessible ».  Des actions ponctuelles, comme la Fête de la Science, sont organisées dans l’école. Des stagiaires de 3e et de secondes sont également accueillis. « C’est aussi un moyen de faire connaitre notre école », ajoute Delphine Wolfersberger.

Des figures féminines qui ont fait des formations scientfiques, sont également montrées en exemple. « Delphine Ernotte, présidente de France Télévision, a un diplôme d’ingénieur reconnu », ajoute-t-elle. Delphine Wolfersberger est aussi un autre exemple, de par son parcours. « J’ai toujours eu un intérêt pour les sciences. J’ai grandi dans un environnement qui était assez masculin : mon père est chimiste. Je me suis naturellement orientée vers des études scientifiques. Après ma thèse, j’ai pris goût au monde académique et j’ai intégré Centralesupelec, en tant qu’enseignante-chercheuse. Le contact régulier avec les jeunes et la transmission du savoir m’ont plu », confie Delphine Wolfersberger. « Dans les promotions où j’étais, il y avait plus de filles que la moyenne ». Toutefois, le constat reste similaire également dans l’école : il y a moins de femmes enseignantes-chercheuses, que d’hommes ».

Yue Chai est doctorante à Centralesupelec. Cette année, elle a gagné le prix des Associations Françaises des Femmes diplômées de l’Université (AFFDU). Cela permet d’encourager les femmes et les filles à faire de la recherche dans les sciences. Lorsque Yue Chai a travaillé dans des laboratoires en Chine, elle a constaté qu’il « y a plus de filles qu’avant ».

Les écoles d’ingénieurs veulent continuer leurs luttes en « œuvrant dès le plus jeune âge pour effacer les stéréotypes des métiers genrés », espère Vanessa Bouchard. Des espoirs qui pourraient peut-être « donner envie aux femme de faire des sciences », conclut Delphine Wolfersberger.

Delphine Wolfersberger, au micro de D!RECT FM
Crédit : Marie Luthringer