Bernard Serin (FC Metz) : « Sportivement, la saison a été très positive ! »

20 mai 2020 à 17h15 par La rédaction

Au micro de Direct FM, le président du FC Metz est revenu sur les conséquences de la crise sanitaire, qui a précipité l’arrêt du championnat français. Le dirigeant a également apporté quelques précisions sur le mercato estival messin.

DIRECT FM
Bernard Serin, pr�sident du FC Metz
Crédit : Direct FM

Le 30 avril, la Ligue de Football Professionnel a décidé de mettre un terme à la saison 2019-2020 de Ligue 1. Quel a été votre réaction ?

B.S. : « J’aurais préféré que la saison puisse aller à son terme. D’abord pour les spectateurs, et pour les joueurs au nom de l’équité sportive. Malheureusement, cela n’a pas été le cas puisqu’il y a une décision régalienne qui a été prise par le gouvernement. Face à cette décision, le pouvoir sportif s’est incliné même s’il y a encore des « guérillas » aujourd’hui. On sait que Lyon veut se battre pour ses finances mais aussi pour conserver une place européenne. Amiens se bat aussi mais a été condamné par l’un de ses concitoyens, Emmanuel Macron, à descendre en Ligue 2. Descendre en L2 est un tel purgatoire, pour ne pas dire un enfer. C’est sûr que les chances de remonter ne sont pas très grandes, parce qu’il y a une compétition farouche entre beaucoup de clubs qui étaient des habitués de la Ligue 1. Donc je comprends Bernard Joannin (président de l’Amiens SC). Peut-être qu’à sa place, je ferais la même chose. Le club avait une dizaine de matchs pour rattraper ses quatre points de retard et se sauver. C’est très dur pour eux ».

Quel impact la crise sanitaire peut-elle avoir sur les finances d’un club de football comme le FC Metz ? 

B.S. : « Premièrement, on perd en droits TV l’équivalent des neuf matches qui restaient à disputer. Cela représente presque 25% des droits. On perd aussi la recette des cinq derniers matches à domicile. On sait que les matches décisifs pour le maintien pouvaient accueillir plus de 20 000 personnes. On a donc perdu de la recette. Et aussi sur les travaux, car le chantier de la tribune Sud a pris du retard. Il continuera à en prendre car les mesures de distanciation physique réduisent la cadence. On fera le maximum pour démarrer la saison avec les vestiaires de la nouvelle tribune, ainsi que les espaces presse, régie et le poste de sécurité. Mais c’est très compliqué et difficile. On a perdu de l’argent et on en perdra encore, puisque si on ne peut pas commercialiser la tribune sud en abonnements pour la saison prochaine, c’est une nouvelle pénalité qu’il faudra affronter ».

« Le cœur du projet fonctionne remarquablement »

Le FC Metz a terminé la saison 2019-2020 de Ligue 1 à la 15ème place du classement. Sur la phase retour, le club pointait au 4ème rang. Auriez-vous aimé voir votre formation terminer la saison ?

B.S. : « Il y a des regrets, à la fois sur la phase aller où on est passé tout près de résultats bien meilleurs que ce qu’on a eu. On se souvient des matchs face à Montpellier, Toulouse, Marseille ou Nîmes. La deuxième partie de saison s’est très bien passée. Il nous restait des matchs à domicile face à des équipes de notre championnat. On avait un espoir de gratter trois ou quatre places au classement ».

L’équipe professionnelle s’est maintenue en Ligue 1, la réserve est montée en National 2, le club satellite de Seraing a retrouvé la D2 belge. Hormis la relégation de l’équipe féminine, la saison écoulée a-t-elle été sportivement positive ?

B.S. : « La saison a été très positive pour tout le club, à l’exception des féminines pour qui cela a été très compliqué. Le business model du football féminin n’est pas établi ni sécurisé. Le cœur du projet du FC Metz qui est la Ligue 1, le centre de formation, Seraing et Dakar fonctionne remarquablement. Seraing atteint la place que l’on souhaitait, la deuxième division belge un peu particulière où il n’y a que huit équipes qui jouent quatre fois les unes contre les autres, ce qui resserre le championnat et le relève. On va se retrouver avec des équipes comme Lommel qui appartient à Manchester City ou des formations qui ont fréquenté la D1 belge comme Beveren ou Molenbeek. On est maintenant en capacité d’amener des jeunes joueurs du FC Metz à Seraing, pour les faire progresser dans un contexte de football professionnel où les matchs ne sont pas de division amateur française, mais devant un public important et qui sont télévisés. C’est donc une grande satisfaction ».

« D'accord avec Monaco pour Kévin N'Doram »

Alexandre Oukidja et Matthieu Udol ont récemment prolongé leur contrat en faveur du FC Metz. John Boye, Fabien Centonze et Dylan Bronn sont toujours messins. Le club dispose déjà d’une solide base défensive pour la prochaine saison …

B.S. : « Sur le plan défensif, on est bien armé. On va voir si on peut encore se renforcer, ce n’est pas une nécessité absolue, mais pourquoi pas. On a du travail à faire au milieu de terrain. On souhaiterait conserver Kévin N’Doram. Pour lui, ce ne serait pas un nouveau prêt. Ce sera un transfert définitif pour lequel il faudra un accord de trois parties : le FC Metz, l’AS Monaco et Kévin N’Doram. Je me suis mis d’accord avec Monaco, nous attendons désormais l’accord du joueur. Je suis optimiste oui, parce qu’il sait où il est. Il a un rôle important à jouer, il s’est développé lors de la saison qui vient de se terminer. Et il a encore un peu de progrès à faire pour pouvoir ambitionner d’aller dans de plus grands clubs. Mais le FC Metz est une bonne base de travail pour lui ».

La Ligue 1 devrait reprendre le week-end du 22-23 août prochain. Pensez-vous que la tribune Sud sera terminée ? Qu’espérez-vous pour cette première journée de championnat ?

B.S. : « Le gouvernement a interdit les manifestations de plus de 5 000 personnes avant septembre. J’aurais donc souhaité que le championnat démarre en septembre, d’autant plus que nous avons libéré quatre dates de Coupe de la Ligue. On ne va pas faire de guerre, mais on peut suggérer que ce décalage soit étudié. Si ce n’est pas le cas, je vais certainement demander à jouer les deux premiers matchs à l’extérieur, pour nous laisser le temps de terminer au moins la partie technique, c’est-à-dire vestiaire, presse, police, et peut-être la partie spectateurs de l’étage supérieur de la tribune. Mais on est en train de réviser tous les plannings avec les entreprises, pour débuter non pas le 23 août, mais le 5 ou le 10 septembre ».

« Je compte sur les supporters »

La pandémie de coronavirus Covid-19 a-t-elle également impacté le chantier du centre d’entraînement de Frescaty ?

B.S. : « L’installation des vestiaires qu’on voulait construire pour abriter le centre de formation a été retardée. Les terrains pour le centre sont prêts, comme le hangar HM17. Mais les vestiaires ne le sont pas et ne le seront pas pour le début de saison. On réfléchit à la façon dont on va s’organiser. Au pire, nous reviendrons à l’organisation de l’année dernière ».

Après ses deux dernières saisons de haute volée, que va devenir Habib Diallo ?

B.S. : « Habib le sait : il a un bon de sortie. Évidemment, pas dans n’importe quelles conditions. Cela rejoint mes précédents commentaires sur la capacité des championnats étrangers à dynamiser le marché des transferts. Premièrement, il va être retardé parce que si les championnats reprennent tard, les fenêtres de mercato seront repoussées. Il faudra d’ailleurs repousser le mercato français qui ne peut être décalé par rapport aux autres. Ce sont des incertitudes. Donc nous verrons. Le football nous réserve beaucoup de surprises. Cette année, il y a tellement de points d’interrogations qu’on ne sait pas trop comment naviguer dans les deux ou trois mois qui arrivent ».

Avez-vous un message pour les supporters du FC Metz ?

B.S. : « Je sais qu’ils sont toujours auprès du club. Je sais qu’ils sont ravis que le FC Metz soit maintenu en Ligue 1, et de retrouver un championnat intéressant la saison prochaine. J’espère qu’il y aura le moins de matchs à huis clos possibles au tout début de la saison. Je compte sur eux, je compte sur leur soutien. On bâtit une équipe pour leur donner encore plus de satisfaction dès l’entame du championnat alors que cette année, cela a été un peu tardif mis à part la victoire contre Monaco ! Je pense beaucoup à eux, et je suis avec eux. Ils sont frustrés d’être privés de leur sport favori. J’attends le retour du football avec impatience ! ».

Bernard Serin au micro de Doriand