Et si on allait au musée cette nuit ?
19 mai 2024 à 20h10 par Marie Luthringer
La 20e édition de la Nuit Européenne des musées s’est déroulée samedi 18 mai dernier. Les musées de Nancy ont ouvert leur porte à partir de 20h et jusqu’à minuit. Zoom au cœur de trois musées nancéiens…
Ces visites gratuites et sans réservation permettent au grand public de venir découvrir les œuvres de chaque musées, ainsi que les animations nocturnes, organisées pour l’événement. Certains musées de la ville revêtiront leur plus beaux costumes de soirée puisque cette année, les animations tournent autour du thème de la mode.
Lorsqu’on entre dans le grand salon de la Villa Majorelle, on est surpris de rencontrer deux femmes vêtues de robe d’époque, qui se déplacent de pièce en pièce, tout en jouant des petites scénettes. De belles robes, qui viennent tout droit de l’Opéra national de Lorraine, à Nancy. Ils ont été prêtés pour la soirée. « Je suis Jeanne Majorelle, et ma collègue interprète le rôle d’une amie qui vient me rendre visite. Il s’agit de la mère de l’architecte, qui a construit cette maison », explique Juliette, médiatrice culturelle du Musée de l’École de Nancy et de la Villa Majorelle. « Cela permet de présenter la villa de manière plus originale et ludique, à travers des discussions de personnages qui vivent en 1900 et parlent de la villa, qui est encore un objet de nouveauté », ajoute-t-elle. Au total, trois cent personnes sont attendues dans les lieux. Pari réussi ou non ? En tout cas, du monde se bouscule en bas de l’escalier qui mène au deuxième étage où se prépare un concert. Maud, est ingénieure à Nancy. Elle est venue de Vandœuvre-lès-Nancy, pour l’occasion. C’est « sa mère qui lui a proposé » de faire un tour dans la Villa Majorelle, d’autant plus que Maud « adore l’art nouveau ». Pour elle, « approcher la culture gratuitement n’a jamais fait de mal ».
Devant le Musée des Beaux-Arts, une longue queue se prolonge jusque devant le bar avoisinant attend de rentrer. Ce soir, « des habitués reviennent, et savent ce qu’ils viennent chercher. Des familles viennent aussi avec leur enfants pour leur faire participer à une chasse aux trésors », précise Delphine, médiatrice au Musée des Beaux-Arts. Il est 21h30, si le musée se remplit de plus en plus, l’ambiance reste calme. Des ateliers pour confectionner des chapeaux, des « scénettes déjantées qui présentent des œuvres et des situations cocasses liées à la mode » sont organisés. Célia est venue de Custines avec ses parents ce soir. Elle attend son tour pour entrer dans l’installation Infinity Mirror Room Fireflies on Water, de Yayoï Kusama. Une minuscule pièce cubique faite de miroir éclairée par des dizaines de petites ampoules suspendues au plafond. Célia trouve le musée « beau » car il y a « beaucoup d’œuvres » et « apprend plein de choses grâce aux pancartes ».
À 22h passé, l’ambiance est plus électrique au Muséum-Aquarium de Nancy. Au niveau de la Galerie de zoologie, les plus jeunes courent partout pour essayer tous les ateliers. Une atmosphère qui ne dérange pas pour autant Valérie, professeure des écoles, venue de Villers-lès-Nancy. « L’ambiance est particulière mais festive. Il y a beaucoup d’animation. C’est une manière ludique et originale de visiter les musées ». En moyenne, 1500 visiteurs se rendent à une soirée comme celle-ci. Un constat que fait Pierre-Marie, chargé de médiation référent à un public spécifique, porteur de handicap, très jeune public et senior. Ce soir, il présente l’exposition « Mort », à découvrir jusqu’au 24 novembre prochain. « Chaque personne qui a passé les portes du musée est venue faire un tour pour voir l’exposition », confie-t-il. Dans cette exposition, Pierre-Marie y évoque les causes de la mort chez les humains et les animaux. « On s’interroge aussi sur ce qui se passe après la mort d’un point de vu physiologique », ajoute-t-il.
Apolline est enseignante chercheuse à l’Université de Lorraine. Elle travaille aussi pour l’entreprise Sol & Co. Ce soir, c’est la première fois qu’elle intervient dans ce musée mais c’est une habituée de la nuit au musée. « L’année dernière, j’étais intervenue auprès d’une artiste qui avait fait un collier en vers de terre. Le but était d’en parler d’une autre façon », explique celle-ci. Un objectif qu’Apolline n’a pas abandonné puisque sa mission est de « faire partager sa connaissance sur des organismes peu connus concernant le vers de terre ou les millepattes ». Apolline pose des questions au public sur ces organismes. Un atelier qui attire des personnes déjà « intéressées par la nature » mais trouve étrange que les gens de manière « s’y intéressent peu ».
Entre deux autruches et un panda roux empaillés, Guy, botaniste et responsable du département botanique régional au Jardin Jean-Marie Pelt, y a installé son atelier. Contrairement à Apolline, c’est la première fois qu’il intervient à la Nuit Européenne des musées. Il a préparé un diaporama et une série de petites questions sur la flore nancéienne. C’est lui qui participe à l’inventaire de la biodiversité du département pour l’Atlas de la Biodiversité de la ville. Guy est « agréablement surpris de la connaissance qu’ont les gens sur la flore de Nancy ». Ce soir, son objectif est de « sensibiliser les gens au patrimoine naturel et végétal d’un paysage inattendu qu’on trouve aux alentours de Nancy. C’est un milieu naturel proche très spectaculaire et agréable », affirme-t-il.
Si vous n’avez pas pu vous y rendre cette année, pas de panique. Rendez-vous donc en 2025 pour la 21e édition de la nuit européenne des musées à Nancy !