Cyril Julian, père fondateur des centres d’entraînement sportifs pour les personnes avec des soucis de santé

Publié : 18 avril 2024 à 15h36 par Marie Luthringer

Ils étaient 56 ce samedi 13 avril à prendre un grand bol d’air frais dans les bois nancéiens. L’ancien basketteur du SLUC Nancy, Cyril Julian a proposé une marche de 12 km pour lutter contre la sédentarité, l’obésité, et les maladies invisibles. Un combat qu’il mène depuis plus de dix ans, lorsqu’il fonde le centre sportif « En Formes Nancy ».

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Crédit : Cyril Julian/ Centre En Formes Nancy

Le sport est un mot « barbare » pour Cyril Julian qui trouve que  cela « est trop associé à de la compétition ». Pour accompagner ces personnes qui souffrent de soucis de santé, il préfère le terme d’ « effort physique ».

L’effort physique est ancré en lui depuis tout jeune

Né d’un père rugbyman, le foot était « proscrit » à la maison. Cyril avait déjà la chance de faire « une tête de plus que les autres ». C’est donc à 5 ans, dans le petit village de Lacrouzette, à dix kilomètres de Castres que Cyril commence à manier la balle orange et se découvre un talent pour le basket.

Cyril passe son bac et étudie à Castres puis joue en Nationale 3. Avec Tarbes, il monte d’un étage. En 1992, celui-ci est appelé à jouer pour la première fois en équipe de France juniors et y décroche le titre de Champion d’Europe à Budapest aux côtés de Laurent Sciarra, ancien basketteur français.

Lorsqu’il a 20 ans, Cyril Julian quitte l’Occitanie pour les Vosges, le temps d’un match. C’est contre Golbey-Epinal, que celui-ci joue. Ce dernier se fait alors repérer par l’entraîneur du SLUC de Nancy, Olivier Veyrat, qui lui propose de rejoindre l’équipe de basket nancéienne. Finalement, Cyril quitte définitivement sa région natale, pour s’installer à Nancy. Le rythme d’entraînement n’était plus le même. « On jouait deux à trois fois par jours, alors qu’à Tarbes, je m’entraînais deux à trois fois par semaine ».

Avec une Coupe Korać, un titre de champion de France, neuf « All Star Game », 147 sélections de France et une médaille olympique aux JO de Sydney en 2000, Cyril Julian prend sa retraite en 2009, à l’âge de 35 ans.

Accompagner l’autre dans l’effort physique

Après sa carrière de basketteur, Cyril Julian constate que les centres de programme d’entraînement pour les personnes qui souffrent d’obésité, de sédentarité ou de maladies chroniques ne sont pas assez démocratisés. Il affirme qu’il est « l’un des premiers français » à mettre en place ce genre de dispositifs. « On a tous des proches qui ont des soucis de santé dans notre entourage, j’ai déjà tenté d’aider les miens », confie Cyril.

Il décide alors de passer une formation qui lui donne un bac +5 pour s’occuper de ces individus. Avec le chirurgien viscéral et digestif Anthony Rouers, ce dernier fonde le centre de programme d’entraînement à Nancy « En Formes Nancy », en 2013. L’objectif ? Permettre à ces personnes de refaire de l’exercice physique progressivement et par étape.  Son parcours professionnel ne laisse pas indifférent les clients d’En Formes Nancy. « Quand j’explique quelque chose à quelqu’un, il ne remet pas en question ce que je lui dis. Le SLUC est le club phare de Nancy et me donne une certaine crédibilité », ajoute-t-il.

Il y a dix ans, Cyril Julian se souvient que les lieux étaient moins fréquentés. « Aujourd’hui, c’est 300 à 400 personnes qui viennent au centre, par semaine. Les gens passent plus facilement la porte. Avant, ces protocoles n’existaient pas », affirme-t-il.

En Formes Nancy n’est pas encore remboursé par la sécurité sociale. Mais Cyril Julian fait partie de ceux qui militent pour que cela change.

Une pédagogie douce et progressive

L’équipe du centre n’est pas là pour « mettre la pression » aux gens qui y viennent. Sinon, « on va dégoûter la personne », explique le coach d’En Formes Nancy. La finalité, c’est que « chacun avance avec ses capacités » car il faut rappeler que l’activité physique n’est pas « inscrite dans l’ADN de chacun et chacune ».

Lorsqu’une personne pousse la porte d’En Formes Nancy, Cyril fait un premier bilan, afin d’identifier ce dont a besoin la personne, comme programme d’entraînement. « Je lui demande la raison de sa venue. Ensuite, je fais un bilan pour établir quel objectif cette personne peut atteindre », déclare ce dernier. Il faut adapter ce programme car chacun a besoin d’un suivi différent. Les exercices ne sont pas les mêmes.

Il est parfois difficile de déconstruire certains clichés ancrés dans les mentalités des personnes qui suivent un programme d’entraînement. Souvent, les gens qui viennent pensent qu’elles ne sont pas capables d’atteindre des objectifs fixés par leur coach. Alors, le rôle de Cyril, c’est de « leur redonner confiance en eux ». Et « beaucoup de gens s’en sont sorties ». En douze ans, 4000 personnes se sont rendues à En Formes Nancy.

Sa mission est d’accompagner ces personnes de quatre mois jusqu’à parfois un an. Cyril Julian avoue parfois que la fatigue est présente car les journées de treize heures sont « grosses » surtout qu’il doit « porter plus d’attentions sur certains suivis ». Malgré tout, ce dernier n’est pas « usé » de faire ce métier, lui qui, qui est partout à la fois. « Aujourd’hui, je vais au Creusot, demain à Saint-Avold, et ce samedi à Nancy ».

Une marche qui rassemble et déconstruit les clichés

Cette marche dans les bois nancéiens permet dialoguer entre Cyril Julian et les personnes du centre qui suivent le programme d’entraînement, afin de déconstruire les clichés sur ceux qui sont atteints d’obésité. Souvent, des proches de ces individus viennent aussi agrandir le groupe. Pour Cyril, « associer le poids à la malbouffe, ce n’est pas possible car quand certains pensent aux personnes obèses, ils l’imaginent forcément en train de manger des chips sur leur canapé », confie-t-il.  Ces sorties ne sont pas « médiatiques mais très importantes, elles rassemblent entre quarante à soixante-dix promeneurs ». Aujourd’hui, « l’obésité n’est plus un tabou. C’est de la discrimination et tout le monde en a marre », ajoute ce dernier.

En soutien aux personnes souffrant de tumeurs

Cyril Julian s’investit également dans l’association Plus Cérébrale que Nous tumeur, où il y enseigne des activités physiques adaptées et spécialisées dans les maladies chroniques pour les personnes qui sont atteintes de tumeurs cérébrales.

Les soutenir jusqu’à l’apogée de leur parcours

Le 8 mai prochain, un ancien groupe de personnes atteintes d’obésité vont courir. D’autres vont continuer de se dépasser en tentant le triathlon messin qui aura lieu le 26 mai prochain. Des événements auxquels Cyril Julian participera à leur côté. « Quand ils arrivent à atteindre ce genre d’objectif, on a vraiment réussi à les aider », conclut ce dernier.