Enfourchez vos vélos, destination Amsterdam !

27 avril 2024 à 10h43 par Marie Luthringer

800 km à vélo, en partant de Metz jusqu’à Amsterdam, c’est possible. Ce samedi 27 avril et jusqu’au 5 mai prochain, entre 85 et 150 personnes tentent l’aventure avec leur propre vélo, depuis le tiers-lieu de Bliiida. Ils sont encadrés, à distance, par l’association Poco Loco.

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Crédit : Marie Luthringer

Le début de l’aventure commence en 2022 lorsqu’Harald Lenud-Pilc, président de l’association Poco Loco et un ami trouvent que « beaucoup de personnes prennent l’avion pour faire un voyage à vélo ». Ce qui ne « colle pas avec l’ère du temps », selon eux. Alors, ils fondent Poco Loco. Ils organisent plusieurs petits événements en lien avec le vélo et rassemblent du monde. C’est la deuxième fois qu’ils organisent un voyage à vélo de longue distance. Cette année, la nouveauté, c’est que le voyage se fera majoritairement sur des routes. Ce qui permet à plus de monde de s’inscrire, quel que soit son vélo, tant qu’il tient la route.

Déconstruire les clichés sur les longues distances à vélo

Un nom qui fait sourire mais l’objectif pour les deux fondateurs, c’est de déconstruire les clichés « virilistes » ou « performatifs» sur les longues distances à vélo, qui peuvent effrayer. L’objectif est de rassurer les personnes qui trouveraient cela difficile ou inatteignable. Poco Loco, c’est un nom « coloré » qui rappelle les « univers Disney ». Dans Poco Loco, il y a « Loco », en espagnol qui veut dire fou. Cela signifie aussi que « c’est un peu fou de faire 800 km à vélo, mais pas impossible. Si on prend le temps, on y arrive », ajoute Harald Lenud-Pilc. De quoi attirer, peut-être plus de monde. C’est d’ailleurs ce qu’est venu rechercher Morgan, technicien vélo, venu depuis Avignon. Il a déjà fait des longues distances à vélo mais trouvait que cela était abordé sous un angle « trop élitiste ». Aujourd’hui, il préfère faire du vélo dans une optique de « s’entre-aider avec les autres ».

Réduire notre emprunte carbone

Poco Loco essaye de sensibiliser les participants sur les valeurs du développement durable. « Dès le début, on interdit aux participants de venir en avion pour faire ce voyage. Les trois quart viennent en train, ou font du covoiturage pour réduire leur bilan carbone », explique Harald Lenud-Pilc.

Rouler en toute sécurité avant le grand départ

Un check in a été organisé, le vendredi 26 avril, pour contrôler l’état des vélos de chaque participant. Les bénévoles de Poco Loco vérifient les inscriptions de chacun et leur donnent des vêtements spéciaux pour le voyage. Le vélo est ensuite révisé par un mécanicien, présent au tiers-lieu. « Tout est vérifié de A à Z », précise Harald Lenud-Pilc. « L’objectif, c’est que les personnes puissent avoir un bon stress et pas des angoisses liées à des problèmes techniques », ajoute-t-il.

Cette année, la nouveauté, c’est la « dotation solidaire ». Elle permet de fournir des vêtements ou du matériel de vélo qui coûte cher, aux cyclistes qui ont peu de moyens. Ce sont les partenaires de Poco Loco qui les approvisionnent.

Si vous avez une frayeur pendant le trajet, pas de panique, vous n’êtes pas seul.e.s ! Des dispositifs de sécurité sont mis en place, pendant le trajet. Des trackers GPS sont apposés sur les cyclistes, qui le gardent tout au long du voyage et qui le rendent lorsqu’ils sont arrivés à bon port.  « Cela permet de savoir où ils sont et s’ils sont à plusieurs. C’est indispensable qu’on ait accès à ces informations sur de longues distances à vélo. Il y a des groupes WhatsApp  entre les participants mais aussi entre les volontaires et nous. Ils échangent entre eux beaucoup de blagues, partagent des anecdotes, des photos mais aussi leurs inquiétudes », confie Harald Lenud-Pilc.

Comment se préparent les cyclistes ?

Poco Loco ne propose pas de séances d’entraînements avant le grand départ. Chacun se prépare de son côté et à sa manière. Évelyne, venue de Nancy, est infirmière. C’est la première fois qu’elle fait une longue distance à vélo seule. « Le vélo, il sort tout l’hiver, pas le choix », avoue-t-elle.

Nadège, est employée administrative à Paris. Elle a déjà fait 1200 km pour aller de Brest à Paris. Pour se préparer, celle-ci fait du « brm entre 200 et 300 km » et prend le « vtt pour varier le rythme ».

Morgan, quant à lui, a suivi un entraînement : « chaque fois, j’augmente les distances. Je tourne à 200 – 250 km. Mais malheureusement, il peut toujours y avoir des imprévus. Je fais également attention à ce que je mange. Je fais des séances ‘’choc’’ : je roule la nuit. Je fais faire des choses auxquelles mon organisme n’est pas forcément habitué ».

Libres comme l’air pour commencer le périple

Pendant le voyage, les participants sont libres de faire le nombre de kilomètres qu’ils veulent et de choisir leur propre mode d’hébergement. « On a constaté que le mode ‘’consom-acteur’’ est apprécié par les gens. Les personnes âgées aiment bien dormir dans des gîtes ou des hôtels. Les personnes avec moins de moyens prennent leurs tentes et dorment à la belle étoile.», explique Harald Lenud-Pilc. La « justice sociale », c’est aussi un aspect sur lequel s’attarde Poco Loco en proposant aux retraités, aux étudiants ou aux personnes bénéficiaires du RSA d’avoir -20% sur l’inscription.

À mi-parcours, il y a une récompense

Après être partis de Bliiida, les cyclistes longent la Moselle, les vignobles du Luxembourg, et ses châteaux. Ils pourront apercevoir le parc national de l’Eifel, en Allemagne. Au bout de 400 km, une escale est proposée à côté d’Aix-la-Chapelle. C’est ici que se retrouvent les cyclistes, qui se rencontrent et échangent sur leurs histoires personnelles ou se partagent quelques anecdotes. Morgan espère « s’entendre avec les gens, discuter et passer de bons moments ». Et tout cela, au coin du feu ou autour d’une grande tablée, avant d’enfourcher à nouveau leur vélo, le lendemain.

Au bout des 400 km supplémentaires, les participants de Poco Loco longent la mer du Nord et arrivent enfin à Amsterdam.

Inclure plus de femmes et de jeunes

Les bénévoles de Poco Loco ont constaté que beaucoup d’hommes de la quarantaine, tentaient l’aventure. Mais où sont les femmes ? Un constat partagé par Evelyne qui trouve qu’il « y en a petit à petit mais qu’on n’en voit pas beaucoup ». Nadège, déplore aussi « qu’il y a une minorité de femmes ».

L’association veille à mettre en place des moyens pour en attirer davantage. Leur objectif : atteindre la parité et plus précisément 30% de femmes. « Je pense qu’à travers la communication qu’on fait de l’événement en désacralisant l’idée de performance, on y arrivera », affirme Harald Lenud-Pilc.

Harald remarque aussi que peu de jeunes sont présents. Donc, il rappelle que « les inscriptions sont ouvertes pour les gens de 18 à 68 ans ». « On veut voir des personnes plus jeunes qui roulent à côté de gens plus âgé.e.s », ajoute-t-il.

Nos attentes, c’est que « les participants prennent du plaisir, découvrent le pays mais aussi regardent comment les gens roulent à vélo à Amsterdam », avoue Harald Lenud-Pilc. Selon ce dernier, « Metz devrait améliorer ses infrastructures de pistes cyclables. La voiture prend trop de place. C’est dommage car la ville se verdit, il y a plein de rues piétonnes mais beaucoup de stationnement. Les trottoirs sont ridicules ».

L'interview d'Harald Lenud-Pilc
Crédit : Marie Luthringer